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Étudiants en Master 1 Communication, Médias et Industries créatives à SciencesPo Paris, nous vous présentons ce site web, fruit d’un travail réalisé de décembre 2020 à mai 2021 dans le cadre du cours "Cartographie des controverses".

Enquête.

En décembre 2020, nous avons commencé à travailler sur la controverse autour du revenu universel. La première étape de notre travail a consisté à cerner les contours de cette controverse, la mettre en perspective avec des concepts-clés de sociologie des sciences et faire une photographie de l’état et l’avancée de la controverse par une lecture assidue de littérature académique, d’articles de presse et de sites web aux horizons variés. Si ce sujet est vaste et dense en termes de connaissances et d’enseignements économiques, philosophiques et scientifiques, il est surtout difficile à limiter et à définir.

Par la suite, nous nous sommes attelés à l'approfondissement de la compréhension du spectre des acteurs dans la controverse ainsi que de leurs rôles, positions et désaccords. Pour ce faire, nous avons admis qu’il était nécessaire d’observer chaque arène impliquée. Il nous a ainsi fallu recueillir la pensée des différents acteurs tout en s’efforçant de maintenir une vision large et complète du sujet. Nous avons ainsi mené des entretiens avec les acteurs suivants, issus de différentes formations et aux savoirs spécialisés de nature variée :

Philippe Van Parijs, philosophe et économiste belge, défenseur actif d’un revenu universel depuis plus de 35 ans et fondateur du Basic Income Network.
En tant qu’acteur historique et notoire de la promotion du revenu universel en Europe et dans le monde, Philippe Van Parijs était un acteur que nous pensions inaccessible, mais qui a finalement répondu à nos sollicitations.

David Cayla, maître de conférences en économie à l’Université d’Angers, chercheur au Groupe de Recherche ANgevin en Économie et Management, et membre du groupe Les Économistes atterrés.
Opposant au revenu universel, David Cayla nous paraissait être un acteur intéressant à interroger dans le sens où nous souhaitions nous pencher sur des argumentaires défavorables au revenu universel.

Léna Le Guay et Isaline Moulin, membres du Mouvement Français pour un Revenu de Base. En 2020, elles ont réalisé et publié le documentaire Les Gens, sur le revenu universel grâce aux témoignages des personnes qu’elles ont rencontrées lors du "Tour de Base" de 2018 et de 2019.
Nous avons souhaité les interroger dans la mesure où la réalisation de leur documentaire leur a permis d’avoir une grande vision d’ensemble du revenu universel et de ses perceptions par le public : elles ont été au cœur de l'activité de l’association et ont interrogé des citoyens comme des militants pendant des mois.

Christian Bouvard, vice-président de l’Association pour l’Instauration d’un Revenu d’Existence depuis 2018.

François Legendre, professeur d’économie et chercheur en économie à l’université de Paris-Est-Créteil.

Tous deux membres de l’Association pour l’Instauration d’un Revenu d’Existence, Christian Bouvard et François Legendre nous ont apporté des éclairages plus spécifiquement économiques sur la question du revenu universel, de son financement et de ses modalités pratiques de mise en œuvre.

Le revenu de base est en prise avec de nombreux savoirs spécialisés. La définition du revenu de base, mais aussi les enjeux qu’il soulève ne sont pas les mêmes pour tous ces savoirs spécialisés. Certains s’intéressent à l'efficacité ou la faisabilité d’un revenu de base, d’autres à son impact sur la place du travail et d’autres encore tentent d’articuler revenu de base et études de genre. Tous ces savoirs produits se recoupent, se font concurrence et se complètent. Ensemble, ils produisent un panorama de ce que l’on peut appeler "savoir" du revenu de base.

Cette multiplicité de savoirs produits sur le revenu de base en fait un objet conceptuel mouvant, difficile à saisir. C’est pourquoi nous nous sommes efforcés, dans un premier temps, de dresser un état des lieux des savoirs spécialisés produits sur le revenu de base. Cet état des lieux n’est évidemment pas exhaustif, mais il cherche à caractériser et catégoriser les grands enjeux de la question. Il nous a permis de mettre en lumière des nœuds de controverses utiles pour éclairer l’ensemble de notre enquête.

Nous avons décidé de procéder par discipline universitaire. Ceci étant, nous sommes restés conscients de l’arbitraire et de la contingence qu’il peut y avoir dans la distinction entre les savoirs spécialisés. Nous nous sommes ainsi attachés à interroger comment, par la construction du problème "revenu de base", les acteurs en présence font évoluer les frontières entre ces disciplines (boundary work).

Le revenu est un concept majeur de la science économique. S’il ne lui est pas exclusif - c’est aussi un concept central de la sociologie des inégalités -, il n’est pas étonnant que des économistes se soient penchés sur la question du revenu de base. La question principale posée par la science économique est de savoir si le revenu de base serait compatible avec une économie de marché comme nous la connaissons.

Si le revenu de base est un concept théorique, la perspective pour les acteurs qui le défendent est avant tout son application comme politique publique. Il n’est donc pas surprenant qu’il ait intéressé les sociologues de l’action publique. Ces derniers s’intéressent donc au revenu de base du strict point de vue de la gouvernementalité : quelles seraient les conséquences d’un revenu de base pour la population qui en serait bénéficiaire ? Aussi, plus généralement, la sociologie de l’action publique nous a permis de mieux comprendre comment se font les politiques publiques redistributives et où se situe le revenu de base dans ces politiques.

Si la sociologie de l’action publique se veut avant tout descriptive, elle ouvre le terrain d’une arène prescriptive : est-ce que le revenu de base doit remplacer les politiques publiques déjà existantes ? ou bien les compléter ? Plus généralement, la philosophie et les sciences politiques se sont emparées du revenu de base pour en interroger le sens, l’implication et les conséquences.

La question de savoir si le revenu de base doit remplacer ou non les aides sociales existantes nous conduit vers un autre régime de savoir spécialisé : les études de genre et la sociologie du genre. Ces disciplines s’emparent du revenu de base pour interroger l’invisibilisation du travail domestique, la rémunération des métiers du "care" mais aussi les inégalités genrées de revenu. Autrement dit, comment articuler genre et revenu de base ?

De cette revue de la littérature, nous avons pu extraire un certain nombre de points de désaccords et de tension à l’intérieur des disciplines universitaires, mais aussi entre elles. Nous avons donc retenu trois points de cristallisation de la controverse, et donc in fine trois nœuds de controverse. Dans un premier temps, nous avons cherché à comprendre quels sont les objectifs du revenu universel pour ses acteurs, et à quels projets de société il répond. La majorité d’entre eux se placent dans une perspective de transformation de la société, mais pas forcément dans le même sens (Noeud 1 : Pour quoi ? Pourquoi ?). Dans un second temps, en décomposant les différentes propositions d’universalité des acteurs, nous avons pu déceler notre deuxième noeud, à savoir : l’amplitude hétérogène des bénéficiaires du revenu universel, qu’ils soient directs ou indirects, explicites ou implicites (Noeud 2 : Pour qui ?). Enfin, la mise en place du revenu universel soulève de nombreuses questions économiques, qui constituent notre troisième et dernier noeud : les modes de financement, les formes de revenu universel et leur montant varient d’un acteur à l’autre et sont défendus par différents types d’argumentaires et d’expérimentations ou modélisations (Noeud 3 : Comment ?).

Nous tenons à remercier Vincent Casanova, Brice Laurent, Marianne Le Ba, Robin de Mourat et Alexandre Violle pour leur accompagnement précieux et leurs conseils. Un grand merci à Alexandre Violle tout particulièrement pour son soutien sans faille, même jusque dans les derniers instants.

Nous remercions également les acteurs ayant accepté de s’entretenir avec nous, pour des échanges qui se sont révélés toujours riches et passionnants.

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CAROLINE ARCE ROSS

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THOMAS GIRARD

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CHARLOTTE LOURME

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LUCAS PÈNE

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BLANDINE CHEVESTRIER

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FABIEN LEFORGEAIS

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LÉA PAIRE

L'équipe
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