Un "revenu universel" pour quelle(s) société(s) ?
Les arènes
de la controverse
Sachant qu’une controverse "se construit par la circulation d’arguments entre différents espaces" comme le définit Badouard (2016), il est important de penser une controverse en termes d’arènes, qui permettent de "penser le débat dans un cadre pluriel" et d’appréhender son accès ou non à certains publics, acteurs et groupes sociaux.
Romain Badouard et Clément Mabi (dir.) (2016), "Controverses et communication ",
Hermès, n°73
La notion d’arène permet de penser l’articulation entre la construction d’un débat - un espace de discussion où interagit un public à la fois spectateur et arbitre - et la mobilisation des publics. Ce sont cette mobilisation des publics et cette action collective qui permettent de caractériser une controverse et sa problématisation. Il est intéressant de regarder de plus près quels sont les rapports de force au sein des espaces de débat, mais aussi d’observer les interactions entre les différentes arènes de la controverse.
Les acteurs
de la controverse
Christian Bouvard
Parcours
Christian Bouvard est vice-président de l’Association pour l’Instauration d’un Revenu d’Existence (AIRE) depuis 2018. À cet effet, il intervient régulièrement pour des conférences ou tables rondes sur la thématique du revenu universel.
Formations
Diplômé en économie, Christian Bouvard a travaillé pendant plusieurs années dans des groupes de protection sociale. Il a été l’élève du professeur Yoland Bresson, cofondateur de l’Association pour l’Instauration d’un Revenu d’Existence, dont il est devenu membre par la suite.
Positionnement
Au même titre que les autres membres de l’Association pour l’Instauration d’un Revenu d’Existence, Christian Bouvard défend un revenu d’existence d’un montant de 500€ par mois. Mais selon lui, l'éradication de la pauvreté n’est pas la raison d’être du revenu d’existence : l’impact de ce revenu sur la réduction des inégalités ne serait pas majeur. Toutefois, il permettrait à son sens de sortir au moins de la grande misère, tout en développant à côté des dispositifs d’accompagnement et d’insertion pour les plus pauvres.
A
B
David Cayla
Parcours
David Cayla est maître de conférences à l’Université d’Angers et chercheur au Groupe de Recherche ANgevin en Économie et Management. Depuis 2013, il est membre des Économistes atterrés. Opposé aux politiques d’austérité, ce groupe produit des savoirs d’expertise économique à travers différentes publications et interventions dans le débat public.
Formation
David Cayla a étudié l’économie aux universités de Grenoble et d’Auvergne, avant d’obtenir en 2007 un doctorat en économie à l’université de la Sorbonne à Paris.
Positionnement
David Cayla est en défaveur des différentes propositions de revenu universel. D’abord, il questionne le devenir des emplois dits "pénibles" et pourtant nécessaires au fonctionnement de notre société. Par ailleurs, selon lui, il ne pourrait pas être durablement financé par l’endettement public, mais devrait passer par une augmentation massive des impôts ; ce qui neutraliserait la hausse du pouvoir d’achat prévue par le revenu universel. Enfin, il est réticent au fait que le revenu universel ait pour but d’encourager la consommation marchande uniquement, au détriment du secteur non-marchand (éducation, santé, culture).
C
D
E
Bernard Friot
Parcours
Bernard Friot est un économiste et sociologue spécialiste du salariat, de la sécurité sociale française et des systèmes de protections sociales européens. Il est membre du Parti Communiste Français et a fondé l'association d'éducation populaire, le Réseau Salariat, revendiquant le salaire à vie.
Formations
Assistant puis maître de conférences en économie à l’IUT de l'université de Lorraine, il soutient une thèse de doctorat portant sur la construction de la Sécurité Sociale.
Positionnement
En opposition explicite au "revenu universel", Bernard Friot revendique le salaire à vie. La distinction sémantique tient pour lui au fait que le salaire est la reconnaissance d’un travail alors que le revenu véhicule une idée de passivité, d’assistance. La proposition du salaire à vie consisterait à étendre le principe de la fonction publique à toute la société : chaque individu recevrait à partir de 18 ans un salaire en fonction de son grade, ce dernier pouvant augmenter en passant des "épreuves de qualification". Il n’est pas un simple militant, il a fondé une association, le "Réseau Salariat", qui coagule les militants du salaire à vie.
F
G
Benoît Hamon
Parcours
Benoît Hamon est un ancien député européen et ancien ministre de l'Éducation nationale sous François Hollande. Candidat du parti socialiste pour les élections présidentielles de 2017, il s’érige comme LE candidat du revenu universel, en articulant sa campagne autour de cette proposition phare. Il a fondé en 2017 le parti politique Génération.s et a publié en 2020 Ce qu'il faut de courage : Plaidoyer pour le revenu universel.
Formations
Benoît Hamon a reçu une formation d’Histoire à l’Université de Bretagne Occidentale. Il s’engage politiquement dès ses années étudiantes auprès de la section de Brest du Parti Socialiste.
Positionnement
Benoît Hamon défend un revenu universel d’un montant de 750€, versé à tout résident majeur en France. Il permettrait de répondre à plusieurs problèmes : l’automatisation du travail et sa raréfaction, inégalités sociales et économiques, pauvreté, insuffisances du système de protection social. Il dessine une société dans laquelle la valeur du travail est redéfinie, comme celle de la croissance économique : le but serait de tendre vers une société plus égalitaire et plus écologique, dans laquelle les richesses sont mieux réparties, et où le travail occupe une place beaucoup moins importante dans la vie des individus.
H
François Legendre
Parcours
François Legendre est professeur d’économie et chercheur en économie à l’université de Paris-Est-Créteil. Il publie régulièrement des travaux dans des revues économiques, et écrit sur des sujets tels que les politiques d’insertion des jeunes, les allocations sociales jeunes, etc. Il est membre de l’Association pour l’Instauration d’un Revenu d’Existence (AIRE).
Formations
François Legendre est titulaire d’un doctorat en économie mathématique et économétrie, et a rédigé une thèse portant sur les comportements des entreprises dans le modèle Muscat.
Positionnement
François Legendre défend l’argument selon lequel le revenu d’existence est l’avenir de la protection sociale, compte tenu des mutations à venir dans nos sociétés. Selon lui, le revenu universel serait un outil de réduction des inégalités beaucoup plus efficace que la lutte des classes, en ce sens qu’il permettrait une véritable redistribution des richesses. A cet effet, il propose un revenu d’existence d’un montant de 500€, qui agirait comme un filet de sécurité, avec en complément des aides sociales plus spécifiques pour certaines catégories.
L
Jean-Éric Hyafil
Parcours
Jean-Eric Hyafil est docteur en économie, et cofondateur du Mouvement Français pour un Revenu de Base en 2013. Depuis, il milite activement pour sensibiliser le public à la question du revenu de base ; et est notamment l’auteur de vidéos pédagogiques "Le revenu de base, c’est pas sorcier !" ainsi que d’ouvrages tels que Revenu de base : un outil pour construire le XXIè siècle ou encore Revenu de base : comment le financer ?
Formations
Initialement professionnel dans le domaine socio-éducatif, il décide de reprendre des études de sciences économiques et sociales à la Sorbonne, et écrit en 2012 une thèse sur le revenu universel et ses modalités économiques de mise en œuvre. Dans ce cadre, il s’est beaucoup intéressé aux mutations du travail, aux effets redistributifs du revenu de base, et à ses modalités de financement.
Positionnement
En tant que membre pilier du Mouvement Français pour un Revenu de Base, ses positionnements s’inscrivent dans la même lignée que ceux de l’organisation. Ainsi, le revenu de base défendu est un revenu universel, inconditionnel, cumulable avec d’autres aides sociales, ad vitam - versé de la naissance à la mort. Deux possibilités de financement sont envisagées, qui peuvent d’ailleurs se compléter : un financement par prélèvements obligatoires ; ainsi qu’un financement par création de monnaie sous forme de dividende universel. Dans la vision de Jean-Eric Hyafil et du Mouvement Français pour un Revenu de Base plus généralement, le revenu universel permettrait aux citoyens d’accéder à davantage de libertés individuelles en redéfinissant la place du travail dans la société, de réduire la pauvreté ainsi que les écarts de richesse, de compléter le système de sécurité sociale, et de redynamiser les zones rurales. A plus long terme, il s’agit de construire une société plus égalitaire en redistribuant les richesses plus efficacement ; et de dessiner un vivre ensemble basé sur la solidarité - européenne notamment - et sur une meilleure prise en compte de la transition écologique.
H
I
J
K
Emmanuel Macron
Parcours
Emmanuel Macron est Président de la République française depuis 2017 ; et fondateur du mouvement politique En Marche!, qui se revendiquait à ses débuts en dehors du clivage gauche/droite.
Formations
Ancien élève de Sciences Po et de l’ENA, Emmanuel Macron exerce en tant que banquier d’affaires chez Rothschild avant de devenir secrétaire général adjoint de l’Elysée puis ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique durant le mandat de François Hollande.
Positionnement
En septembre 2018, il annonce un projet de mise en place d’un Revenu Universel d’Activité dans le cadre de la présentation de sa stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté. Il s’agirait d'un regroupement de prestations sociales existantes dans le but de simplifier leur attribution et leur gestion. Parmi les allocations qui devraient intégrer ce dispositif : le Revenu de Solidarité Active (RSA), la prime d'activité, les allocations logement.
M
Léna Le Guay
& Isaline Moulin
Parcours
Léna Le Guay et Isaline Moulin sont deux jeunes membres du Mouvement Français pour un Revenu de Base (MFRB). Elles ont réalisé ensemble un documentaire, Les Gens (2020), sur le revenu universel grâce aux témoignages des personnes qu’elles ont rencontrées lors du "Tour de Base" de 2018 et de 2019.
Le "Tour de Base", tout le comme Les Gens sont des projets initiés par Léna Le Guay et soutenus par le MFRB.
Formations
Léna Le Guay s’est formée aux Sciences Humaines et Sociales, à la médiation et aux dynamiques collaboratives. Dans le cadre de son mémoire de fin d’année à l’Institut de Formation à la Médiation et à la Négociation de Paris, elle a travaillé autour de la nécessité des outils de la médiation au sein des mouvements sociaux et citoyens, mais également de tout autre groupe, pour assurer leur pérennité. Elle intervient comme médiatrice et facilitatrice auprès d’individus, d’entreprises, d’associations, de collectifs et de collectivités territoriales, rencontrant des blocages d’ordre relationnel et/ou organisationnel.
Isaline Moulin est directrice artistique, elle réalise des animations à visée pédagogique notamment. Indépendante, elle intervient sur des projets à impacts politiques ("concernant les citoyens"), sociaux, culturels et artistiques portés par des associations, particuliers, collectivités publiques, entreprises, marques… Elle souhaite contribuer à rendre visible des projets, délivrer des messages, faire comprendre ou s’interroger, ressentir et rêver.
Positionnement
Bien que toutes deux membres de l’association du MFRB depuis 2016, leur "but n’est pas de faire la promotion de cette idée, mais de créer un espace de débat public autour du revenu de base dans les villes que nous traversons", affirme Léna. Au-delà de questionner les gens un peu partout en France : "Que feriez-vous avec un revenu garanti à vie ?", le film Les Gens présente, de manière humoristique et dynamique, la définition du revenu universel portée par le MFRB ; tout en donnant des repères historiques et en mettant en avant l'avis des gens et quelques expérimentations en cours (Tera).
L
Baptiste Mylondo
Parcours
Baptiste Mylondo est enseignant en économie et philosophie politique à l’Institut d’études Politiques de Lyon. Il est membre du Mouvement Français pour un Revenu de Base et du collectif Pour un Revenu Social depuis 2011. Ses travaux portent principalement sur la décroissance et sur le revenu universel. Il est notamment l’auteur de l’ouvrage Ne pas perdre sa vie à la gagner : Pour un revenu de citoyenneté.
Formations
Baptiste Mylondo est titulaire d’une maîtrise de science politique et d’une licence d'anthropologie à l'université Lyon II, ainsi que d’un master de philosophie à l'Université Lyon III.
Positionnement
Baptiste Mylondo se positionne en faveur d’un revenu universel, qu’il envisage comme un outil pour encourager la décroissance. Il prône un revenu universel supérieur au seuil de pauvreté, c’est-à-dire d’un montant de 800€ environ. Ce projet s’inscrit dans une vision "coopérativiste", puisque son revenu permettrait de redonner à tous l’accès aux biens et services nécessaires à la vie et au bien-être ; en s’appuyant sur un meilleur partage du travail et sur une plus grande redistribution des richesses.
M
N
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P
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Philippe Van Parijs
Parcours
Philippe Van Parijs est un philosophe et économiste belge, défenseur actif d’un revenu universel depuis plus de 35 ans. En 1986, il a fondé le Basic Income European Network, qui a pris une dimension internationale jusqu’à être rebaptisé Basic Income Earth Network (BIEN) en 2004.
Formations
Il a étudié la philosophie, la sociologie, l’économie politique et le droit dans les universités de Louvain, Oxford, Berkeley et Bielefeld. Il est titulaire d’un doctorat en sciences sociales de l’université de Louvain, ainsi que d’un doctorat en philosophie de l’université d’Oxford.
Positionnement
Philippe Van Parijs défend un revenu de base d’un montant compris entre 400 et 800€, et qu’il envisage comme la distribution égalitaire d’un héritage commun. Selon lui, l’inconditionnalité d’une telle aide apparaît comme la base importante pour la conception d’une société plus juste, équitable et libre. Plusieurs objectifs sont visés à travers sa proposition : d’une part, émanciper les individus et leur accorder plus de libertés ; d’autre part, réduire les écarts de richesse et la pauvreté ; et enfin, simplifier et compléter le système de protection sociale actuelle.
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Valérie Rabault
Parcours
Députée Parti Socialiste du Tarn-et-Garonne et présidente du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Valérie Rabault a contribué à la loi relative à "l’expérimentation territoriale visant à instaurer un revenu de base" de 2019 (n°1541, déposée le mercredi 19 décembre 2018).
Après être devenue membre du Parti Socialiste en 2000 pour lequel elle milite depuis Londres, elle crée une section en 2006 en Tarn-et-Garonne et intègre alors le Conseil fédéral de ce dernier dans lequel elle a été élue première secrétaire fédérale du Parti Socialiste jusqu’en avril 2017. Après avoir été élue vice-présidente en 2012 de la Commission des Finances, de l’Économie générale et du Contrôle budgétaire de l’Assemblée nationale, elle est réélue députée du Tarn-et-Garonne lors des élections législatives de 2017.
Formations
Ingénieure de formation, elle est diplômée de l’Ecole nationale des Ponts et Chaussées en 1998 et elle obtient un MBA du Collège des ingénieurs en 1998, après avoir suivi un cursus d’ingénieure spécialisée en génie civil et en économie.
Positionnement
Elle propose de créer une "prestation sociale, unique, automatique et inconditionnelle", accessible à tous dès l’âge de 18 ans pour un jeune vivant seul ou en couple. Une prestation dégressive en fonction des revenus d’activité pour inciter à la reprise d’emploi. Selon elle, le revenu de base pourrait régler le problème des seuils pour les prestations sociales. Elle souhaite mettre au défi l’exécutif en incitant aux expérimentations.